Entretiens avec François Le Lionnais Oulipo

Je n’ai pratiquement rien écrit, je ne me sens pas assez de dons pour écrire pour faire quelque chose de valable d’un point de vue littéraire. Je n’écris que lorsque j’ai quelque chose à dire et que je pense qu’il faut vraiment le dire, même si ce n’est pas très bien écrit. J’écris, je corrige continuellement, je fais du perfectionnisme – non pour atteindre la perfection, mais pour diminuer le plus possible les imperfections.

Lorsque je m’arrête, je ne suis pas encore très content, mais je pense que mon message peut passer : je l’ai dit, tant pis si ce n’est pas écrit comme l’écrirait Paul Valéry – qui avait d’ailleurs beaucoup d’idées fausses, mais qui savait très bien les dire. Il y a beaucoup de livres que je n’ai pas écrits.

PROJET DE PIÈCE DE THÉÂTRE OULIPIENNE

Bien avant la naissance de l’OULIPO, j’ai fait le projet de quelques pièces de théâtre. Je voulais faire quelque chose d’original, quelque chose qui n’a pas été fait, sinon, ça ne m’intéresse vraiment pas. Voici l’une d’entre elles, pièce en cinq ou six actes, chaque acte étant comme le premier acte d’une pièce dont on ne verrait pas les autres actes.

Premier acte : deux, trois ou quatre personnages, un bureau, le chef de service et les employés. Deuxième acte : un ménage se dispute à table.

Troisième acte, encore autre chose, quatrième acte aussi, des gens complètement différents, qui ont leurs problèmes et leur psychologie.

Le dernier acte est simplement un wagon de métro où tous ces personnages se retrouvent mais ne se connaissent pas. Le rideau se baissera sans qu’aucun des personnages n’ait adressé la parole à aucun autre. Il faudrait que ce soit bien fait, donc écrit par quelqu’un qui saurait mieux écrire que moi, que l’on sente que l’un des personnages d’un acte était fait pour un personnage d’un autre acte, qu’ils passent à côté les uns des autres et ne se rencontrent pas.

Peu après la guerre, il y eut à l’Orangerie une exposition des tableaux récupérés en Allemagne et qui avaient été presque tous volés par Goering. C’était une exposition extrêmement inégale. Le catalogue n’indiquait…