De l’homosexualité et des invertébrés (titre du document source)
F. L. L. Vous vous souvenez de ce que j’avais dit à Max Jacob : combien j’étais heureux de son homosexualité dans notre amitié, puisqu’elle faisait que nous avions partagé l’humanité en deux groupes, toutes les femmes pour moi et tous les hommes pour lui. Je suis très à l’aise avec des femmes, mais pas tout à fait à l’aise avec des homosexuels confirmés, sauf quand il s’agit d’un pédé merveilleux comme Max Jacob. Quand dans sa chambre il y avait trois ou quatre de ses amis, j’étais un peu gêné au spectacle de leur comportement. C’est un peu la même gêne que j’éprouve devant une limace. J’imagine peut-être inconsciemment qu’elle me cavale sur la peau.
D’une manière plus générale, cela pose le problème du racisme. Il y a les racismes simplement odieux, ceux qui ne font que cacher l’exploitation. Il y en a d’autres profondément sincères, celui de cette femme qui adore son enfant et qui ne veut pas qu’on lui fasse une transfusion de sang nègre et préfère le voir mourir ; c’est un racisme sincère devant lequel je m’incline tout en le regrettant beaucoup. Je n’ai aucune répulsion instinctive pour aucun être humain, ni aucune répulsion pour aucun animal – pour aucun mammifère : je me sens de plain-pied avec les mammifères, ce qui explique mon amitié avec les chats. Je ne me sens pas mal à l’aise non plus devant les vertébrés non mammifères, je me sens simplement beaucoup plus loin d’eux. Je me sens plus proche cependant des oiseaux que des poissons. Mais à partir du moment où l’on passe aux invertébrés, j’éprouve un sentiment de répulsion tout à fait analogue à un racisme. Les mouches, les araignées, les moules… C’est pourquoi je ne mange jamais ni de moules, ni d’huîtres, ni de homard. Les voir me met mal à l’aise.
J. B. G. Vous semblez dire qu’en passant des hétérosexuels aux homosexuels, vous passez en quelque sorte du règne du chat à celui de la limace…
F. L. L. J’exagérais beaucoup.
F. L. L. Vous vous souvenez de ce que j’avais dit à Max Jacob : combien j’étais heureux de son homosexualité dans notre amitié, puisqu’elle faisait que nous avions partagé l’humanité en deux groupes, toutes les femmes pour moi et tous les hommes pour lui. Je suis très à l’aise avec des femmes, mais pas tout à fait à l’aise avec des homosexuels confirmés, sauf quand il s’agit d’un pédé merveilleux comme Max Jacob. Quand dans sa chambre il y avait trois ou quatre de ses amis, j’étais un peu gêné au spectacle de leur comportement. C’est un peu la même gêne que j’éprouve devant une limace. J’imagine peut-être inconsciemment qu’elle me cavale sur la peau.
D’une manière plus générale, cela pose le problème du racisme. Il y a les racismes simplement odieux, ceux qui ne font que cacher l’exploitation. Il y en a d’autres profondément sincères, celui de cette femme qui adore son enfant et qui ne veut pas qu’on lui fasse une transfusion de sang nègre et préfère le voir mourir ; c’est un racisme sincère devant lequel je m’incline tout en le regrettant beaucoup. Je n’ai aucune répulsion instinctive pour aucun être humain, ni aucune répulsion pour aucun animal – pour aucun mammifère : je me sens de plain-pied avec les mammifères, ce qui explique mon amitié avec les chats. Je ne me sens pas mal à l’aise non plus devant les vertébrés non mammifères, je me sens simplement beaucoup plus loin d’eux. Je me sens plus proche cependant des oiseaux que des poissons. Mais à partir du moment où l’on passe aux invertébrés, j’éprouve un sentiment de répulsion tout à fait analogue à un racisme. Les mouches, les araignées, les moules… C’est pourquoi je ne mange jamais ni de moules, ni d’huîtres, ni de homard. Les voir me met mal à l’aise.
J. B. G. Vous semblez dire qu’en passant des hétérosexuels aux homosexuels, vous passez en quelque sorte du règne du chat à celui de la limace…
F. L. L. J’exagérais beaucoup.