Michèle Audin

S’il y a dans ce livre et à cet endroit précis un article sur Delambre, c’est pour satisfaire le désir de rendre hommage à tous les astronomes qui ont mesuré la Terre. Pourquoi spécialement Delambre ? Parce que c’était un astronome au service de le Révolution française et que, comme tel, il participa à la grande entreprise d’établissement d’un système de mesure universel fondé sur des données réellement scientifiques.
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Alors voilà, dit Fiordiligi, et elle rit. Lui, et Méchain, et leurs aides, ne pas oublier les aides, le cercle de Borda pesait quand même dix kilos, et il n’y avait pas que lui à trimballer, eux tous, ils ont mesuré le méridien de Paris. De Paris, bien sûr, car c’est de là que le progrès se répandait sur le monde, progrès scientifique et progrès politique réunis. Plus romanesques eussent peut-être été les aventures de Méchain à Barcelone, le roman de calculs effectués, vérifiés, refaits, et qui ne fonctionnaient toujours pas.
Car le méridien de Paris passe à Barcelone ?
À peu près. Pas loin, dix minutes (d’arc). Et à Dunkerque. Et à Bourges (presque aussi), ce qui le fait passer par le centre de la France
Mais Delambre ?
Lui aussi a eu des aventures. Imagine ces bourgeois arrivant dans les campagnes et s’installant au sommet des tours pour observer, avec leurs instruments bizarres. Des espions ? Des contre-révolutionnaires ? La vie des mathématiciens (les astronomes étaient des mathématiciens) était un peu plus agitée que de nos jours. Les seules aventures qui nous attendent, même lorsque nous allons au bout du monde, sont de rater un avion, de devoir attendre dans un aéroport, de devoir expliquer ce que nous faisons à un policier des frontières. Aventures…
Et Delambre ? Un astronome des Lumières, né en 1749, il a vécu jusqu’en 1822 et une rue porte son nom, à Paris, dans le XIVe, mais pas à proximité de l’Observatoire.
Et il avait un prénom ?
Oui, et même plusieurs : Jean-Baptiste Joseph Delambre.
20 juin 2014
(à suivre)

$\Rightarrow$   centre, cercle, méridien

Couverture : le méridien de Paris
derrière l’Observatoire