Michèle Audin

Une personne qui dessine des cartes.
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Oui, un vieux monsieur barbu penché sur un parchemin, tu vois, du genre de Renaud Régnier, de l’école de Dieppe. Tu exagères, c’était un marin, il avait accompagné Cousin le Hardy, il n’avait sans doute pas l’air d’un vieillard, et puis, au seizième siècle, on utilisait du papier. Quant à « monsieur », dit Guglielmo, tu ne te souviens pas de cette jeune femme, enfin, elle était jeune, et nous aussi, d’ailleurs, que nous avons connue autrefois, et il nomme un quartier de Paris, et qui travaillait aux cartes Michelin ?

Déjà en ce temps-là, c’était dans les années 70, et pour ces cartes-là, je ne savais absolument pas en quoi son travail consistait, dessiner les courbes des routes jaunes, les border de vert pour signifier la belle vue que l’on avait de là? et avec quels instruments ? tire-ligne, pinceau ? Alors aujourd’hui, ce que font les cartographes, avec quels outils, quelles méthodes, quelles données, quels logiciels ils ou elles travaillent, je n’en sais rien du tout. Et je ne sais même pas s’ils produisent des cartes plus belles ? plus précises ? plus utiles ? Est-ce que l’on utilise encore des cartes ? Est-ce qu’il y a encore des cartographes ?

Ne fais pas comme les gens qui disent qu’il n’y a plus de classe ouvrière…
 
17 mai 2014
(à suivre)

en hommage à trois cents mineurs turcs tués
– comme au dix-neuvième siècle
la mine et les mineurs
flous comme le souvenir
mosaïque
photographiée à
la gare de Lens
dans ce qui fut le bassin minier
en septembre 2013

$\Rightarrow$  images, Lens, Michelin