Michèle Audin

Turbulences, au pluriel, dans l’expression « zone de turbulences », désigne des rugosités de l’atmosphère, des trous et des bosses, « Mesdames et Messieurs, nous traversons une zone de turbulences, veuillez regagner votre siège, attacher et ajuster votre ceinture ». Des masses d’air qui s’agitent, tourbillonnent, des trous d’air, ce qui ne se voit pas forcément. Les aspérités de la troisième dimension du paysage peuvent en être la cause.

C’est au cours de la traversée d’une zone (dans le temps) de turbulences que la décision d’écrire ce livre fut prise. La contrainte de l’écriture quotidienne (sur un sujet lui-même contraint par (ce qui est devenu) le contenu des boîtes de chaussures et l’ordre alphabétique) semblait propre à former, puis à renforcer une bulle de sérénité autour de l’auteur. L’écriture quotidienne (ou prétendue telle) lui a servi d’abri anti-atomique : il y a des abris mentaux.

Le téléphone sonna.

Oui.
Ah ! Bonjour !
Oui, j’ai essayé de vous appeler plusieurs fois, hier soir et ce matin. Vous n’êtes jamais là!
Non, non, pas du tout. Au contraire, tu me sors d’un accès d’auto-apitoiement.
Oui, il est là, il fait du café. Guglielmo, c’est Dorabella. Il t’embrasse.
Eux aussi t’embrassent.
Oui. Attends une seconde.
Merci.
Oui.
Ah ! Quand ?
Super !
Tous les deux ? Oui, on vous prépare la chambre. Il devrait faire beau. Tu m’envoies votre heure d’arrivée, je viendrai vous chercher. Oui, je finis à 13 heures le mercredi. Ah ! Oui, nous aussi. Ciao, à mardi !
25 avril 2015
(à suivre)

PS. Il y a une légende de l’illustration dans le post-scriptum de la page images.