Michèle Audin

Il ne sera question ici ni de l’origine des coordonnées sur la Terre (le point où le (demi-)méridien de Greenwich rencontre l’équateur, quelque part dans le Golfe de Guinée), ni de l’origine des temps et par conséquent pas du big bang non plus (qui pourtant aurait pu faire l’objet d’une belle et longue digression, avec allusion à certain auteur qui vit dans le désir d’une femme d’avoir un peu de place pour confectionner un plat de tagliatelle la raison dudit big bang), mais bien de l’origine du monde, telle qu’elle a été peinte par Gustave Courbet, le sexe d’une femme, ses cuisses et son ventre, rien de métaphorique dans cette affaire, ce n’est pas du nombril du monde qu’il est question.


Mais c’est bien normal, s’écrie le vieux Qfwfq. Je vais vous révéler une chose que personne ne sait. Car j’étais dans son atelier moi aussi, vous pourriez d’ailleurs me voir dans le tableau qu’il en a fait, mais rassurez-vous, jeune homme, je ne vais pas vous raconter ma vie, et j’étais là aussi le jour où il a demandé à Mme Ph(i)Nk0 si elle voulait bien qu’il la peigne, elle qui était à l’origine de toute cette histoire. Alors bien sûr, je les ai laissés, et sur mon chemin de retour, j’ai pensé aux champs pour cultiver le blé, aux montagnes d’où descend l’eau pour irriguer les champs, aux troupeaux de veaux qui fournissent la viande de la sauce, à l’espace dans lequel le soleil qui fait mûrir ce blé se trouve, à tout ce qui avait été engendré par le désir de Mme Ph(i)Nk0, à ses bras huilés et ronds, à ses cuisses et au reste qu’elle découvrait à ce moment-même pour que le peintre découvre, lui, l’origine du monde.

Si Guglielmo ne dit rien, ce n’est pas parce que la poésie du vieux Qfwfq l’a touché, mais parce que lui et Fiordiligi se sont éclipsés discrètement et peut-être redécouvrent sous leur couette, dans un plaisir renouvelé, l’origine du monde.

18 décembre 2014
(à suivre)

$\Rightarrow$  zéro
 

PS. Il y a une légende de l’illustration dans le post-scriptum de la page images.