L’Académie des sciences et la Commune de Paris Michèle Audin


L’exemplaire du Traité de géométrie supérieure de Chasles que j’ai consulté est un des livres qui ont été donnés lors de la collecte de 1871 pour l’université de Strasbourg. Les traces laissées par l’histoire sur ce volume sont une indication du fait qu’il n’y a pas lieu d’imaginer que la science et la politique sont séparées.




J’ai dessiné moi-même toutes les figures et fait toutes les photographies qui illustrent ce texte.

Là où s’était trouvée la prison de Mazas, face à la gare de Lyon, la ville de Paris ouvrit en 1900 une rue qu’elle décida de nommer rue Michel-Chasles.

En 1877, on avait donné à l’avenue par laquelle les Versaillais étaient entrés dans Paris le 21 mai 1871 le nom d’avenue de Versailles. Pas très loin de là, l’avenue de Saint-Cloud, fut nommée avenue Victor Hugo, en 1881 pour la partie où habitait l’écrivain, en 1885 (après sa mort) pour le reste. En 1909, on nomma un « square Thiers » donnant dans cette avenue puis, en 1910, une rue Thiers, donnant toujours dans l’avenue Victor-Hugo. Non loin de là, mais seulement en 1912, on donna le nom de la citoyenne Agar à une petite rue. Tout ceci dans le XVIe arrondissement.

Entre temps, plusieurs de nos académiciens ont vu (ou n’ont pas vu, puisqu’ils étaient morts) leurs noms devenir des noms de rue, Chevreul en 1884 sur le Faubourg-Saint-Antoine, Le Verrier en 1888 près de l’Observatoire dans le VIe, Milne-Edwards et Dumas en 1894 cote-à-cote dans le XVIIe, Yvon Villarceau en 1895 aux côtés de Copernic dans le XVIe, Charles Hermite, dans la zone, aujourd’hui comprise entre le périphérique et les extérieurs, près de la porte d’Aubervilliers (et, entre parenthèses, il y a une rue Joseph-Bertrand à Viroflay).

Comme nous l’avons signalé au début de cette histoire en suivant l’itinéraire hypothétique emprunté par Charles Hermite, l’archange de la fontaine Saint-Michel avait symbolisé l’écrasement (dans le sang) de la révolution de juin 1848. Pour symboliser l’encore plus sanglant écrasement de mai 1871, la même bourgeoisie édifia, sur les lieux-même où la Commune avait commencé, un symbole encore plus laid, encore plus voyant, cette grosse verrue du Sacré-Cœur, que l’on voit de (presque) partout… et qui est aujourd’hui un symbole de Paris (qui n’a que ce qu’il mérite).
C’est un pouvoir municipal attaché (au moins) aux symboles qui décida en 2004 de donner le nom de Louise Michel au jardin et aux grands escaliers qui permettent d’accéder à ce lieu – on peut regarder les fleurs et penser aux canons du 18 mars en montant et, arrivé en haut, tourner le dos au monument et admirer la vue sur Paris.



Les rues Jules-Vallès, Eugène-Varlin, Charles-Delescluze ont été nommées en 1906, 1910, 1930, dans des quartiers alors populaires. Il y a une place de la Commune de Paris, à la Butte-aux-Cailles, depuis 1999.

Il n’y a pas de rue Lissagaray dans la ville de Paris. Pour aller aux archives de l’Académie des sciences, je prends, pas loin de la rue Charles-Delescluze, un autobus qui vient de « Bagnolet-Louise-Michel ».



 
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