Théâtre “jeune public”. Cette pièce a été écrite en collaboration avec Emmanuel Brouillard. Commande de la région Bretagne, cette pièce a été mise en scène par la compagnie Phare Ouest. C’est une pièce à forte contrainte, car, comme la pièce dont elle est la suite,  La magie Nakafé, elle n’exige qu’un seul acteur pour être représentée : le rôle unique était joué par Olivier Morin.

ACTE I, SCENE 1.

Devant la porte de la salle du trône. Nogent de Rotrouille se prépare à recevoir son diplôme de chevalier. Il répète son discours avec le lapin. Le lapin l’aide distraitement à composer.

NOGENT (face au lapin)

Alors, voilà, lapin, je commence mon discours comme ça : « Monsieur le roi… »

LE LAPIN :

Hola ! excuse-moi, Nogent de Rotrouille. Mais on dit « Majesté ».

NOGENT :

Monsieur le Majesté.

LE LAPIN (ton las) :

Nogent, on dit « Majesté » tout court.

NOGENT :

Monsieur le Majesté tout court.

LE LAPIN :

Bon… Répète après moi : Majesté.

NOGENT (en mangeant ses mots) :

Majesté.

LE LAPIN :

Pas mal, mais essaie voir plus lentement

NOGENT :

Ma-jes-té.

LE LAPIN :

Ben voilà, tu vois, ça suffit.

NOGENT :

Ah ?  Ce n’est pas un peu court, comme discours ?

LE LAPIN :

Ce n’est pas le discours, Rotrouille, c’est juste comme cela que l’on s’adresse à un roi. Ensuite, qu’est-ce que tu vas dire pour recevoir ton diplôme de chevalier ?

NOGENT :

Alors… Majesté… Hum… Majesté… A l’heure où l’honneur me revient de recevoir le diplôme de diplômé de chevalier qui me revient en tant que chevalier j’ai l’honneur de recevoir ce diplôme que je viens vous demander à vous Majesté que j’ose demander en tant que chevalier futur diplômé… (au lapin  :) Euh… Tu trouves ça comment ?

LE LAPIN :

Mouii… C’est pas si mal. Mais le roi est très pressé. Tu sais qu’il consacre tout son temps à sa collection de cuillers à café. Tu pourrais faire plus court ?

NOGENT :

Bien… Je vais essayer… Majesté… A l’heure où me revient de recevoir qui me revient en tant que j’ai de recevoir ce que je viens vous demander à vous que j’ose demander en tant que moi-même…

(au lapin) C’est mieux, non ?

LE LAPIN :

C’est pire… Ne change rien à ta phrase d’avant. On la comprenait un peu. Tu devrais également raconter tes exploits.

NOGENT :

Ah ? Mais quels exploits ?

LE LAPIN :

Je ne sais pas, moi. Tu n’as jamais tué de dragon ?

NOGENT :

Ah ! Un dragon ! Mais c’est un terrible monstre ! Non, jamais.

LE LAPIN :

Tu n’as pas fait prisonnier un ogre ou un loup-garou ?

NOGENT :

Mais non, jamais. C’est bien trop dangereux.

LE LAPIN :

Tu as tout de même bien accompli quelque chose de remarquable ?

NOGENT :

Euh… J’ai attrapé un lapin.

LE LAPIN :

Tu parles de moi ?

NOGENT :

Ben oui. Ah oui, aussi, une fois, j’ai attrapé un rhume.

LE LAPIN :

Eh bien, j’espère que cela suffira au roi pour te faire chevalier. En général, il faut capturer un animal sauvage, comme un ours ou un tigre. Enfin… Si tu veux, je peux prendre l’air féroce devant le roi.

NOGENT :

C’est une bonne idée. Tu voudras bien faire semblant d’être féroce ?

LE LAPIN :

Oui, regarde : grrrrr !

NOGENT :

Ah ! Tu m’as fait peur.

LE LAPIN :

Bon. Finalement, il vaut mieux que je m’abstienne. Alors, allons-y. Le temps passe, Nogent, il faut entrer maintenant.

NOGENT :

J’ose pas…

LE LAPIN :

Cesse d’être aussi peureux, Nogent de Rotrouille. Le roi attend. Tu dois y aller.

 

(À Suivre)

 

 

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