Imposé autant qu’inspiré par “  la Cimaise et la Fraction ”, fable de Raymond Queneau déduite de “La Cigale et la Fourmi ” par  Substantif-adjectif-verbe + 7.

Une cimaise, seule, du haut de sa corniche,

s’ennuyait à crever comme un chien dans sa niche.

Pour occuper son temps, elle fait des divisions

Et se trouve soudain devant une fraction.

“ Quel curieux animal… ” s’étonne la cimaise,

contemplant le quotient : trois divisé par treize.

La cimaise n’est pas matheuse,

C’est là son moindre défaut.

“ Moi j’ai pas mon bachot ”

fait-elle d’une voix boudeuse.

“ Un chiffre sur un autre, que sépare une barre,

C’est plus que compliqué, c’est carrément bizarre…

– Compliqué ? pas du tout, s’indigne la fraction,

Je ne suis, à vrai dire, qu’une représentation.

C’est tout simple, voyez : Trois est numérateur,

Et le treize, au dessous, est dénominateur.

D’ailleurs, sans me vanter, je suis irréductible.

– Si vous me l’affirmez… Je ne dirai pas non.

– Treize et trois sont premiers, insiste la fraction.

– Euh, oui, fait la cimaise, premiers ? C’est bien possible. ”

La fraction, à ces mots, se sent encouragée.

Elle parle théorie, évoque l’addition,

Et le pépécéhème, et le pégécédé :

“ De façon générale, on dira p sur q…

– Comment ? Soyez polie.

– C’est un malentendu, voyons, dit la fraction.

C’était une expression… Pour rester dans l’abstrait.

– p sur q me paraît, à moi, assez concret,

J’ai beau n’être, c’est vrai, qu’une décoration,

J’ai du vocabulaire. Mieux, j’ai de l’instruction.

J’entends, de ma corniche, bien des conversations,

Personne, au grand jamais, n’y parle de fraction.

Allez, déguerpissez, misérable invention. ”

La fraction, à ces mots, comprend qu’on la renvoie.

Elle ouvre un large bec, et laisse tomber son trois.

La cimaise s’en saisit, et dit : “ Cher diviseur,

sachez que tout professeur

est ennuyeux pour celui qui l’écoute

Cette leçon vaut bien un numérateur, sans doute. ”

Dépitée, la fraction, valant zéro sur q,

comprit, très en pétard, qu’elle ne diviserait plus.

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