Inverness vient du gaélique Ibhir Ness, pour « bouche du Ness ». Un monstre hante son loch, mais notre héros, qui s’y posera le lendemain (vol BA 823), ne le chasse nullement. Il vient au cœur des Highlands retrouver une femme, très blonde comme il arrive parfois en Écosse, de vingt ans plus jeune que lui, ce qui ne saurait pas même constituer l’embryon d’un portrait.

Il vient la retrouver alors qu’elle y séjourne depuis deux semaines chez sa mère, et que l’homme avec qui elle passe ses nuits, presque un mari donc, la rejoindra quelques jours plus tard. C’est bien sûr ce qu’il est convenu d’appeler une folie. Il en a souvent fait, il en fera d’autres. Il est convaincu, bien conscient de citer Oscar Wilde, que les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais.

Il convient, en ce tout début du récit, d’en dire un peu plus sur notre héros. Il va avoir cinquante ans. Il n’y a pas cinquante façons d’aborder la cinquantaine. Il y en a deux : dans la première, on se persuade que l’on est encore jeune, dans la seconde, on se plaint d’être déjà vieux. Notre héros devrait refuser les deux, l’une par réalisme, l’autre par un acte de volonté inouï, mais il se contente d’un obstiné mouvement de balancier, selon les matins et les soirs. Il n’a pas tout à fait tort : après tout, dans dix ans, son taux de testostérone commencera sans doute à baisser, et en l’absence de béquilles médicamenteuses, cette question définitionnelle pourrait être définitivement réglée. Il suffira de dire que, si ce ne sont pas ses premières vieilles années, ce sont du moins ses dernières jeunes années.

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