Entretiens avec François Le Lionnais Oulipo

CONTRIBUTION AUX TRAVAUX DE LA SEMEC [ce titre se trouve dans le manuscrit]

F. L. L. Je m’étais chargé de l’élagage des arbres de recherche. J’avais cherché des méthodes pour faire passer un arbre de recherche de 10 [puissance] 130 à 10 [puissance] x , capacité d’un ordinateur. Je n’ai pas trouvé beaucoup de choses ; je n’ai trouvé que des principes de complémentarité ou de ressemblance.

Par contre, j’ai trouvé quelque chose de plus important, applicable à la recherche scientifique ; j’ai mis au point une bonne fonction d’évaluation des positions. Elle a été testée sur des parties de maîtres et elle ne s’est jamais trompée.

J. B. G. Cela doit donner des graphiques amusants ! Ce qui apparaît comme brillant dans une partie d’échec, le voit-on sur le graphique comme une pente brusque ?

F. L. L. En général oui, mais il y a des coups brillants de manière différente. Si cette fonction était parfaite, il n’y aurait pas besoin d’élaguer des arbres de recherche…

J. B. G. Mais finalement, on n’a pas pu faire fonctionner les ordinateurs uniquement sur la fonction d’évaluation ?

F. L. L. Ni sur l’arbre de recherche, ni sur la fonction d’évaluation, ni sur des principes généraux : ce qu’il faut, c’est une combinaison des trois.

J. M. L. L. Ce travail a–t–il eu une postérité ?

F. L. L. Non, parce que de Gaulle a coupé les crédits à Euratom. Mais j’ai vu les travaux faits par les Américains et les Soviétiques – les Suédois aussi en ont fait de bons. Pour le moment, je reste convaincu que ma fonction d’évaluation est la meilleure de toutes.

UNE ANECDOTE PIQUANTE. [ce titre se trouve dans le manuscrit]

F. L. L. Dans une réunion très sérieuse se trouvait un type – que je ne connaissais pas, mais assez important – qui s’appelle Napoléon. Le général Billotte arrive, il se présente :

– Général Billotte.

L’autre lui dit :

– Napoléon.

Billotte a failli lui sauter dessus, il a cru que l’autre se fichait de lui !