Murs, ville,

Paris.

Docile,

Sans bruit,

Tout prêt,

Tout frais,

Noir est

L’amphi.

 

 

À Jussieu

Naît un bruit.

Sous les cieux

Un point luit.

C’est l’appel

Eternel,

Carrousel

De la nuit.

 

 

Ils ont bougé

L’oreille habile.

Les enragés

Pressent leur bile.

Ils se préparent

À coups de fards,

Et comme un phar’

Leur œil jubile.

 

 

Leur corps inquiétant

Fait un soubresaut.

Les voilà partant

Pour le bel assaut.

Sous leur face sombre

Que façonne l’ombre,

Attention : on sombre

Sans un seul sursaut.

 

 

Dans le tube ils se jettent,

Ou s’engouffrent en boîtes

De métal qui cliquettent.

Au volant les mains moites,

Fronts perlés de sueur,

Transformés en tueurs,

Jusqu’aux saines lueurs

Du lieu-dit qu’ils convoitent.

 

 

Hue, je sais que tu m’as ten-

Du un piège fou, nuée

Que je crois de mécontents

Prêts à rugir, à huer

Bruissant et battant des ailes

Avec hargne, fougue et zèle

Tempêtant contre Marcel

Et nous autres éberlués.

 

 

Ils sont vêtus de toile bleue

Qui fait chatoyer leur mystère,

Ce simple uniforme implacable,

Aux accents extraordinaires :

Cinq cent vingt-cinq ou cinq cent un,

C’est l’armée des jeans toute en un

Plus redoutables que les Huns

Au jugement lourd et sévère.

 

 

Bon appétit, ô sinistres nains maigres

Qui vous nourrissez tant de notre foi,

Que vous promettez de faire au vinaigre

Jusqu’à repousse la prochaine fois !

Et j’entends votre terrible clameur

Qui se propage telle la rumeur

Prête à me ronger, horrible tumeur

Qui me gagne et amplifie mon effroi.

 

 

Mais quoi, vous seriez rassasiés ?

Le nuage de sauterelles

— Je n’en crois pas mes yeux mouillés —

Semble stopper sa voix mortelle.

Au mot d’ordre de dispersion

Les cris perdent de conviction

Jusqu’à même modération,

Guère plus qu’une bagatelle.

 

 

Les voilà qui s’évanouissent

Miséricordieusement.

Interrompant le supplice,

Ils cessent le grondement

Et le vacarme effrayants.

Au contraire, se frayant

Un passage distrayant,

La cohorte rapetisse.

 

 

On se sent délaissé,

Abandonné, cahin-

Caha, tel l’araignée

Ou l’ortie du dédain.

Quand tout le monde tombe,

Même après l’hécatombe,

Le cercueil dans la tombe

Ne se garde qu’à un.

 

 

Un dernier frou-frou,

Jean effiloché

Frottant peu ou prou

Le grand escalier.

Un papier froissé,

Sourire esquissé,

Baiser empressé,

Porte condamnée.

 

 

Enfin les jeans

Ont regagné

Leur origine :

Dans le panier,

Vains accessoires

Obligatoires,

Ou dans l’armoire,

Bien alignés.

 

 

Le repos

Est permis ;

L’Oulipo

Est  fini.

Rien qui vaille,

Chacun bâille,

Je défaille,

Evanoui.

 

 

Plus rien

Dehors

Ne tient

Encor’.

En somme,

C’est comme

Un homme

Qui dort.